Un Joinvillais à Kyoto

14 novembre 2006

Le coté obsur...

Bonjour à tous, aujourd'hui je voudrais aborder un sujet sensible, la mauvaise partie du Japon. Alors je sais çà va paraître choquant et déplacé de gueuler contre un pays qui m'accueille pendant un an, mais je pense qu'il ne faut pas se voiler la face même si on adore un pays. Car j'adore ce pays littéralement mais j'avoue que je n'y passerais pas ma vie. Un an me suffira je pense, et tous mes amis sont d'accord avec moi sur ce sujet.

Alors quelques points négatifs d'abord sur la vie en communauté. Comme je l'ai déjà écrit, les japonais sont très timides et renfermés surtout envers les étrangers. On pourrait séparer les étudiants de Ritsumeikan en deux parties. Les premiers sont coucounés depuis qu'ils sont petits par une mère ultraprotectrice, ce qui les renferment sur eux-mêmes (de là apparaissent les phénomènes d'otaku, allez sur Wikipédia il y aura une meilleure définition que la mienne !). Les seconds explosent quand ils arrivent à la fac, se rebellent complètement, surtout dans le vestimentaire (car l'uniforme est obligatoire jusqu'à la fin du lycée), sortent, boivent, fument etc. et ce sont surtout les étudiants qui ne viennent pas de Kyoto (qui ne vivent plus chez leurs parents).
Après, la hiérarchie a une valeur sacrée ici, qui est tirée du confucianisme chinois. La hiérarchie est partout même entre étudiants. En effet les plus jeunes doivent employer l'équivalent du vouvoiment pour parler des plus vieux. Le chef d'un club peut tutoyer les membres de ce club, mais pas l'inverse.

Mais cela s'étend à la société dans son ensemble où la hierarchisation est partout. Le paroxysme étant dans l'administration. Exemple révélateur : si un employé doit demander une info à une personne d'un autre service, il ne doit pas s'adresser directement à l'intéressé. Non non non !!! Il doit en référer à son chef qui en parle au chef de tous les services, qui redescend vers le chef de l'intéressé, et même chose pour que la réponse arrive enfin à l'employé du début. Outre la perte de productivité impressionnante, cela en dit long sur la hiérarchie nippone.
Mais le pire ce sont les conditions du salaryman, car si il a l'emploi à vie garantie, il doit donner sa vie à l'entreprise ne pas compter ses heures sup', faire une croix sur ses vacances de temps en temps et le tout sans avoir de pensée individuelle. En effet, on ne lui demande jamais de prendre des initiatives, tout vient d'en haut. Si le supérieur hiérarchique demande de faire quelque chose le salarié doit lui obéir et surtout sans poser de question. Dès qu'il reçoit un travail, il se doit d'en parler avec ses collègues pour qu'ils examinent ensemble ce qu'il doit faire. Tout est fait pour un autocontrôle mutuel des salariés, aucun libre-arbitre, pas d'individualisme.

Côté vie privée, le féminisme a encore du chemin à faire ici. La femme ici DOIT être mariée avant 25 ans. Une expression cruelle illustre cette "tradition" : le "chrismas cake" (gâteau de noël) car après le 25ème anniversaire, plus personne n'en veut... On les traite alors de vieilles filles qui ont raté leurs vies. La pression (des collègues, mais aussi des amis et surtout de la famille) obligent alors les filles à se marier avec des hommes qu'elle n'aiment pas forcément mais car le temps presse !
La vie d'un japonais est, pour l'extrême grande majorité, toute tracée : consommer, se marier, faire des enfants, en restant dans le moule comme un citoyen modèle, ne pas faire de vague, rester tranquille.

Voilà le portrait du Japon avant la crise des années 90'. En effet même si cette description reste vraie, cela a tendance à s'atténuer du fait de 2 choses. D'abord la mondialisation tend à ouvrir de plus en plus le Japon aux autres styles de vie, d'autres courants de pensée et se dire que "bah, c'est pas mal ailleurs aussi". Mais surtout, la mentalité japonaise commence à changer, car ils se sont rendus compte que leur modèle de développement n'est pas parfait, la crise économique et financière a profondément affecté les mentalités et beaucoup se demandent si ça vaut le coup de sacrifier sa vie pour une entreprise ou pour le pays.