Un Joinvillais à Kyoto

30 mai 2007

Parce qu'il n'y a que ça de vrai

Aujourd’hui un sujet un peu plus léger mais néanmoins aussi intéressant que le post précédent : le sport.

Une bonne raison à cela : ma première participation a un match de base-ball. La partie opposait deux grandes universités privées du Kansai (Ouest du Japon) : Ritsumeikan (立命館 : c’est nous) vs. Doshisha (同志社 : c’est les méchants).
Première petite précision idiomatique, pour écrire le nom du match, les japonais utilisent ce qu’ils font souvent, une compression des deux mots en prenant les premières syllabes de chaque université
et rajoute le kanji de combat à la fin ce qui donne (Ritsudosen) car le match était à domicile pour nous (dans le cas contraire on aurait bien sur eut (Doritsusen)).
Nous voila donc partis avec près de 40 gaijins sillonnant les rues de Kyoto devant des passants médusés de voir autant de blancs sur des vélos. On arrive en plein centre ville sur un grand stade de base-ball entouré par la nature avec vu sur les montagnes, bref un joli petit cadre. Ayant une majorité de Nord-américains avec nous, il nous indique ce qu’il faut faire, c’est-à-dire… acheter des bières ! Donc on dévalise le conbini d’à coté, et voulant être complètement américains sur le coup, nous faisons en plus un arrêt au KFC avec Fred. On finit par pénétrer dans l’antre paré à toutes éventualités, grâce à nos 3 bières et nos 5 pièces de poulet chacun…
Mais en fait heureusement qu’on avait nos provisions, car ce qui est du match 1. c’est long 2. c’est chiant 3. on a perdu. Donc on agite nos frites estampées Rits, on chante des chants du style « Allez Ritsumei », on mate les pom-poms au couleur de l’université, bref rien de bien passionnant : pas de drapeau, pas d’alcool, pas de chants agressifs, pas d’insulte (en tout cas en japonais, car en français on s’est lâché), pas de fumigènes. Bref très loin d’un Crit bien de chez nous (pour les non IEPiens, le Crit est une rencontre sportive annuelle de tous les IEP de France, un moment mémorable tant au niveau sportif que festif). A noter, les élèves du club des supporters en costard-cravate qui criaient des chants pour notre équipe…
Bref quelques petites choses sont venus déranger le public bien éduqué, rien qu’en lançant un chant sans parole mais juste un air à répéter, la plupart du public nous regardait avec un air médusé style « mais c’est pas ce qu’on nous demande de chanter ! ». A noter aussi la petite excursion dans la tribune adverse : même pas secoué, même pas charrié, pas un mot plus haut que l’autre, juste en criant chacun le nom de notre université respective.
Bon c’est quand même une bonne expérience et puis on s’est bien marré mais comme d’hab’ : sans les japonais. Par contre, nos joueurs se sont pris 3-9…


Bon la deuxième partie de mon post élargis le sujet sur le sport en général au Japon. Ce pays est un très grand consommateur de sport. Tout d’abord car c’est un créateur, avec des arts martiaux mondialement reconnus comme le Judo ou le Karaté.
Mais ce pays a quand même la particularité de littéralement absorber la culture d’autres sports et ce depuis l’ouverture sur l’Occident. Le base-ball puisque c’est de lui qu’on parle, est entré au Japon bien avant la Deuxième Guerre Mondiale, il a aussi changé de nom du fait de l’influence du gouvernement nationaliste des années 1920 qui ne voulait plus de mot occidentalisé, le baseball a donc été renommé
野球 yakyuu.
Le Japon est aussi la première nation golfique du monde. En effet, le golf n’est même plus considéré comme un sport ici tellement c’est populaire. Plus de 10% des japonais pratiquent régulièrement leur swing. Bizarre pour un pays manquant d’espace, mais rassurez-vous 99% du jeu se fait sur des terrains practices.
Nouveau phénomène impressionnant : l’arrivé massive du foot depuis la fin des années 1990. La FIFA a confirmé en y organisant la Coupe du monde 2002, tout le monde connaît Zidane, bien sur Nakata est un dieu (en même temps c’est le seul qui a percé en Europe) et beaucoup de japonais peuvent facilement dire qui a gagné la Ligue des Champions ces 3 dernières années. Alors bien sur, l’équipe nationale n’est pas au niveau, mais ce sport à pris une telle ampleur en quelques années au point de presque détrôner le sacrosaint base-ball, que j’ai l’impression que ce n’est qu’une question d’années. Quand la nouvelle génération née dans le foot (il y a 10 ans environ) arrivera à maturation (dans 10 ans donc), je parierai volontiers sur trust japonais pour la coupe d’Asie ainsi de bons scores à la Coupe du Monde.


Le sport est donc quelque chose de très répandu tant au niveau de la pratique que de l’audience mais le hooliganisme est un concept inconnue ici…

Quelques photos :


Sachant que sur cette photo j'ai pris que la moitié des gens environ...


Avec les montagnes en arrière-plan


L'équipement du parfait supporter


Bah ça c'est moi hein...


La pom-pom qui essayait tant bien que mal de nous faire répeter ses chants pourris


On représente en terre ennemie


Home-run ?


Au plus près de l'équipe


Et enfin la tritesse de la défaite...

25 mai 2007

De l'art de n'en avoir rien à faire

Un nouveau sujet assez complexe à traiter, car je n’ai pas énormément d’information dessus.

En effet la politique ici tout le monde s’en fout ou presque. C’est assez bizarre pour un français, mais les japonais dans leur immense majorité se moquent éperdument de la politique intérieur de leur pays. J’ai donc demandé à quelques potes de quoi ils parlent dans un repas s’ils excluent la politique (surtout ces temps-ci en France entre la Constitution Européenne, le CPE et la Présidentielle, on imagine mal un diner de famille sans aborder ce sujet). La réponse est simple : ils parlent surtout des affaires des uns et des autres (comme nous quoi) et un peu de la situation internationale, mais il saute l’étape de l’échelle nationale.

Pour beaucoup de japonais, les hommes politiques sont corrompus et n’obéissent qu’à un clientélisme lucratif. Les élections ne sont donc pas importantes, puisqu’elles ne font que reconduire les mêmes pourris d’années en années. Une fois au pouvoir, l’homme politique serait à même de faire ce qu’il veut en imposant ces souhaits auprès de ses électeurs. Cela parait aberrant mais les japonais ne s’intéressent pas à la politique simplement car de toute façon les politiques font ceux qu’ils veulent une fois au pouvoir…

Moralité : le même parti est au pouvoir depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale (à la l’exception notable d’une brève alternance au début des années 1990.


Malgré tout un sujet politique et polémique divise les japonais : la révision de l’article 9 de la Constitution japonaise. Selon cet article :

Article 9. Aspirant sincèrement à une paix internationale fondée sur la justice et l'ordre, le peuple japonais renonce à jamais à la guerre en tant que droit souverain de la nation, ou à la menace, ou à l'usage de la force comme moyen de règlement des conflits internationaux.

Pour atteindre le but fixé au paragraphe précédent, il ne sera jamais maintenu de forces terrestres, navales et aériennes, ou autre potentiel de guerre. Le droit de belligérance de l'État ne sera pas reconnu.

Toutefois, au lendemain de la défaite de 1945, le Japon est rapidement confronté à l’URSS, les Etats-Unis poussent donc le pays à se réarmer. En 1950, la guerre de Corée toute proche permet à l’industrie de l’armement (et l’économie japonaise en générale) de rapidement se relancer. Le Japon organise alors les forces d’autodéfense, véritable armée ultra équipée. Ainsi, de nos jours, le Japon a le cinquième budget militaire mondial (après les Etats-Unis la Grande-Bretagne, la France, et l’Allemagne). De plus, le pays du soleil levant pourrait mettre en place (très rapidement) une force de dissuasion nucléaire aussi puissante que celle de la France. Cependant pour des raisons historiques, seulement une minorité de japonais souhaite acquérir la Bombe (c’est que ça calme, quand on s’en prend 2 dans la gueule …).

Bref, on y pense pas, car l’image du Japon est en générale très pacifiste pacifiste, incapable de faire de mal à une mouche, mais ce pays peut par exemple facilement écraser une attaque chinoise sur Taiwan et ce sans l’aide des US.

Cependant, de plus en plus de japonais veulent changer les choses, et rendre aux forces d’autodéfense une véritable identité, une armée qui serait capable d’intervenir à l’étranger (même si c’est en partir déjà le cas en Irak). Shinzo Abe, actuel Premier ministre, fait partie de ces gens là, mais beaucoup (a commencer par l’influent quotidien Asahi) reste ancrée à l’idée d’une Constitution pacifiste.

14 mai 2007

Regard critique sur une société sous pression.

Je me plais vraiment dans ce pays, mais il reste, par certains aspects des cotés archaïques impressionnants. A commencer par le féminisme qui a encore quelques progrès à faire dans la culture asiatique.

Alors avant toute chose, bien sur ne faisons pas d'amalgame, je vais parler d'environ 80% des gens que je vois dans mon université, mais je pense sincèrement que cela peut s'étendre à une grande majorité de la population notamment les anciennes générations beaucoup plus machistes.

Tout d'abord les japonaises. Elles ne passent jamais avant leur homme pour rentrer quelque part, la plus part du temps les japonaises ne parlent pas et restent derrière leur copain qui parle à leur place. A l'Université, l'unique chose qui compte pour elles, c'est d'être les plus kawai possible (: adj. mignon dans le sens poupée Barbie). Elles apprennent alors à marcher de façon à ce que le bout de leurs pieds se rapprochent l'un de l'autre par rapport à leurs talons (un peu comme un pingouin), elles s'habillent avec des jupes ultra-courtes et des collants jusqu'aux genoux, essaient d'apprendre tant bien que mal à marcher avec des talons. Et surtout, elles ne prennent aucune initiative (parler, blaguer, jouer, proposer d'aller quelque part).
Ensuite les japonais. En général très efféminés, ils sont plutôt fashion victim lorsqu’ils en ont les moyens. Ils s’accordent tout à fait à la gente féminine, qu’ils dominent en les considérant comme leur chose. Le plus flagrant est quand le gars se met à courir pour attraper le bus par exemple et, au lieu d’encourager sa copine à courir aussi, lui prend violemment la main (sans dire un mot) puis la tire de toutes ses forces, ce qui la plupart du temps fait trébucher la fille. Ça n’est pas très parlant comme description, mais je vous assure que c’est très rude comme comportement.


Ensuite un autre coté qui n’est pas très agréable au Japon, c’est la pression sociale. Elle est simplement trop forte, elle ne permet pas l'expression de l'individu. En effet, même si cela n'est pas officialisé, presque tous les japonais sont remplis de frustrations qui ne sont jamais exprimées et ce jusqu'à la mort de leurs hôtes.
Chaque japonais respecte à la lettre ce qu’il lui ait demandé de faire, ce qui explique la quasi-absence de criminalité isolée dans le pays (les yakuza organisés, eux, règnent en maitre). Bien sur, certains échappent à cette pression, les marginaux (teuffeurs, communistes, SDF, homos, gothiques) sont alors complètement exclus et considérés par le reste de la société comme non-japonais.
Dernier effet plus positif de cette chape sociale : comme le diamant formé à partir de carbone soumis à des pressions phénoménales, le Japon accouchent parfois de génies fou-à-lier qui donnent des chefs d’œuvres originaux et mondialement connus (Miazaki ou Kitano sont des exemples flagrants).
Cette pression a donc de bons cotés (absence de criminalité et d’incivilité) mais cela reflète une société gangrénée par l’oppression du nombre sur l’individu. Voila pourquoi je ne ferais jamais ma vie au Japon (une année me suffit même si le pays du Soleil Levant est fascinant).


Pour finir sur une note moins négative, ces phénomènes sociaux ne m’empêchent pas d'adorer ce pays. Un archipel unique entre technologie et tradition. Des trésors anciens ou ultra-récents que l'on peut découvrir à chaque coin de rue. Une ambiance indescriptible et tellement différente de nos sociétés européennes. Une sécurité qui est tout de même très appréciable (malgré son origine qui laisse à désirer). Certains japonais super sympa (si si j’en ai trouvé !), avec qui l'apprentissage de leur langue est un réel plaisir (surtout pour les mots que l’on ne peut pas apprendre en classe, mais dans ce cas précis il y a un vrai échange culturel, car ici tout le monde sait ce que "Putain !" veut dire). Bref ça ne va pas que me faire plaisir de rentrer à Joinville.

08 mai 2007

Sarko, non merci j'ai déjà un berger allemand

Bon voila j'ai meme pas envie d'en parler, donc je vais plutot écrire un petit billet sur ce qui se passe ici (la vie est belle a 10 000km du cauchemar dans lequel notre pays va plonger pendant 5 ans). Donc me revoila à raconter ma vie au pays du soleil levant après une petite absence de 2 semaines.

Ma cousine Estelle (celle qui laisse gentillement quelques commentaires sur le blog de votre serviteur) et sa copine Magali étaient là, toute la semaine dernière. C'était aussi les vacances pour moi car c'est en effet la Golden Week (semaine d'or). Simplement car quatre jours fériés s'enchainent cette semaine : Dimanche la fete de la mort de l'Empereur a été remplacé il y a peu de temps par la fete de la nature (みどりの日; Midori no hi) et comme dimanche est déjà un jour non ouvrable on a repporté le jour férié a Lundi ! Jeudi c'était le Jour de Commémoration de la Constitution (憲法記念日Kenpo kinen bi). Vendredi jour férié du pays (国民の休日Kokumin no kyojitsu). Et enfin samedi le jour des enfants (子供の日 Kodomo no hi).
Tous les japonais travaillent néanmoins Mardi et Mercredi. Mais l'Université nous a gracieusement donnée ces deux jours, nous avons donc eu un belle semaine du Vendredi soir au Lundi matin d'après.

Bref durant cette semaine j'ai re-revisité Kyoto après l'avoir fit avec ma moman et ma grand-moman il y a à peine un mois. Je commence a bien connaitre le Kinkakuji et le Kyomizu...

Quelques photos en vrac :


Une autre utilisation des Pringles


Osaka dans le quartier Jeun's en marge de la société


Ma chambre un peu en bordel avant l'arrivée de la cousine... J'ai rangé après quand meme


C'est marqué dessus, la plus grande grande roue du monde, à Osaka.


C'est vrai que c'est grand quand meme, mais cela vaut-il les 40min de queue ?


Ces poissons en papier sont devant toute les maisons pour le jour des enfants, par contre j'ai oublié de demander pourquoi des poissons, et pas une mangouste, un pterodactile ou un radiateur.